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Interview de Lucas Hebert Hervagault et Raphaël Lecompte, étudiants de CESI partis quatre mois à Zagreb dans le cadre du programme Erasmus+.

Le choix de la Croatie, entre opportunité et hasard

Pouvez-vous nous préciser le lieu et la période de votre mobilité Erasmus?

Raphaël : Nous sommes partis à Zagreb, en Croatie, le 6 juin 2025. Le stage a officiellement commencé le 9 juin et s’est terminé le 10 octobre. Cela représente environ quatre mois sur place, entièrement passés dans la capitale.

Pourquoi avoir choisi la Croatie ? Était-ce votre premier choix ?

Raphaël : Pas du tout ! Au départ, j’avais postulé en Nouvelle-Zélande. Mais l’université mettait beaucoup de temps à répondre. En parallèle, j’ai été accepté à Zagreb, donc j’ai choisi de privilégier cette option.

Lucas : De mon côté aussi, j’avais fait plusieurs recherches qui n’aboutissaient pas vraiment. Les réponses arrivaient tard, rien n’était vraiment confirmé. Avec notre projet de Junior-Entreprise que nous devions monter à CESI, c’est vite devenu logique de nous retrouver à Zagreb. Partir avec un ami dans un autre pays, tout en continuant à travailler sur nos projets communs, s’est imposé assez naturellement.

Sur le plan linguistique, dans quelle langue se déroulaient les cours et les échanges sur place ?

Raphaël : Les cours comme les échanges avec les professeurs se faisaient entièrement en anglais. Étant quasiment bilingue, je n’ai pas rencontré de difficultés.

Lucas : Nous avons appris quelques rudiments de croate, mais l’essentiel de la communication se faisait en anglais. J’essayais de m’exprimer au maximum et, dès que cela devenait trop complexe ou trop technique, avec un vocabulaire que je ne maîtrisais pas, je laissais souvent Raphaël prendre le relais. Cela m’a tout de même poussé à faire l’effort de progresser.

Un projet de mobilité sur le campus


Sur quel type de projet avez-vous travaillé à Zagreb ?

Raphaël : Nous avions un projet fil rouge sur quatre mois, que nous avons choisi parmi trois propositions. Nous avons retenu celui qui nous semblait le plus intéressant : la pyrolyse de biomasse. Concrètement, il s’agissait de mettre en place une pyrolyse de biomasse dans un tube en quartz, avec un système permettant de récupérer les gaz pour les analyser. L’objectif, à terme, était de vérifier si ces gaz pouvaient servir à auto-alimenter la pyrolyse : la pyrolyse produit des gaz, et l’idée était de voir si ces gaz pouvaient ensuite réalimenter le processus.

Lucas : Ce qui était très motivant, c’est que nous avons vraiment pu prototyper tout le dispositif : les sondes de température à différents points, la mesure des gaz, la température de chauffe de la biomasse, la mise en place du banc de test… Nous faisions monter progressivement la température et menions nos expériences. Il y avait en plus une dimension environnementale très forte, qui avait beaucoup de sens pour nous. C’est un sujet qui nous a réellement attirés.


Vous travailliez seuls ou en équipe sur ce projet ?

Lucas : Nous étions trois : nous deux, plus un troisième ami de notre promotion CESI.

Raphaël : Nous sommes tous les trois en alternance dans une entreprise pharmaceutique en France, mais à Zagreb nous étions intégrés au département de chimie analytique de l’université.


Comment se sont passés l’accueil et l’intégration sur le campus et dans le laboratoire ?

Raphaël : Avant notre arrivée, tout était vraiment très bien organisé via les échanges par mail. La personne qui nous accompagnait était très professionnelle. Nous avons reçu toutes les informations nécessaires : adresses, démarches, réponses à nos questions… En revanche, une fois sur place, cela a été plus compliqué. Notre tuteur était le responsable de son département, très sollicité, souvent en déplacement pour des conférences. C’est à double tranchant : d’un côté, c’est difficile pour se repérer, surtout quand les informations ne sont pas toujours claires. De l’autre, cela nous a obligés à gérer notre projet de manière très autonome.

Lucas : Les informations administratives, par exemple, n’étaient pas forcément présentées de la manière la plus claire. En Croatie, il existe un numéro d’identification pour tous les citoyens et pour les étrangers qui viennent étudier. Il y a plusieurs services administratifs dans la ville, ce n’est pas évident de savoir où aller, ni quand c’est ouvert. Nous avons mis du temps à identifier la bonne procédure et, une fois les démarches effectuées, les délais de réponse étaient assez longs.

Le quotidien de Lucas et Raphaël à Zagreb


Quel était le coût de la vie à Zagreb ?

Raphaël : Globalement, c’est sensiblement comparable à la France. La Croatie est entrée dans la zone euro en 2023, donc le pouvoir d’achat est assez équivalent. La nourriture, les restaurants, les bars… tout est assez similaire.

Lucas : La restauration rapide est peut-être légèrement moins chère, mais la différence n’est pas énorme. Là où l’on perçoit vraiment un écart, c’est sur les produits très taxés en France : carburant, alcool, cigarettes… En Croatie, la fiscalité est moins lourde, donc ces produits-là sont plus accessibles.

Comment avez-vous trouvé votre logement ? Étiez-vous logés sur le campus ?

Raphaël :
Non, il n’y avait pas de logement étudiant dédié. Nous avons dû chercher par nous-mêmes. Nous avons exploré plusieurs pistes et, finalement, nous avons opté pour un Airbnb. En été, Zagreb est une destination touristique et les logements sont très chers. On peut vraiment comparer cela à des prix de vacances en France.


Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ou marqué dans la culture croate ?

Lucas : La nourriture, déjà. En tant que Français, nous sommes peut-être un peu exigeants ! Pour avoir une très bonne viande ou un bon vin par exemple, il faut aller dans des restaurants assez haut de gamme. En revanche, ce sont des personnes plutôt festives. Le soir, l’ambiance est animée, que ce soit à Zagreb ou sur la côte. Nous avons pu faire quelques visites et la vie nocturne est vraiment dynamique.

Raphaël : Ce qui m’a frappé aussi, c’est la différence entre la capitale et la côte. Sur la côte, il y a plusieurs grandes villes comme Split ou Zadar, et beaucoup d’îles. La Croatie partage énormément de patrimoine avec l’Italie. D’un point de vue architectural, la côte ressemble beaucoup à certains paysages italiens ou slovènes, du fait de l’héritage des anciens bastions romains. En revanche, dans leur manière d’être, les Croates sont moins chaleureux au premier abord que les Italiens. On ressent davantage l’influence de l’Europe de l’Est et des pays slaves que celle de la culture latine.

Lucas : Et puis il y a la nature : les îles, le littoral, les lacs… Les lacs de Plitvice, par exemple, sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les paysages y sont superbes. La nature et l’histoire occupent une place centrale dans le pays.

Raphaël : Le quotidien à Zagreb est assez similaire au nôtre, mais dès que l’on sort visiter et explorer, le pays prend une autre dimension.


Avez-vous noué des liens avec d’autres étudiants sur place ?

Raphaël : Pas tellement. Comme nous étions hors période Erasmus, il y avait peu d’étudiants internationaux. C’était difficile de rencontrer du monde, que ce soit des Croates ou d’autres étrangers. Nous sommes surtout restés entre étudiants CESI. C’était une période un peu moins riche en rencontres étudiantes.

Lucas : Les échanges les plus marquants, finalement, étaient parfois avec des chauffeurs de taxi ou des personnes croisées dans la vie de tous les jours, qui nous parlaient de leur vie là-bas. Mais cela restait assez ponctuel.


Qu’est-ce que cette expérience vous apporte pour votre avenir professionnel ?

Raphaël : Sur le plan purement technique, pas énormément, parce que je ne souhaite pas forcément m’orienter vers le laboratoire. En revanche, cette expérience m’a beaucoup apporté en termes d’autonomie. Nous sommes partis d’une feuille blanche pour ce projet, nous avons dû tout construire et tout organiser.

Lucas : Pour moi, qui souhaite davantage rester dans le domaine du laboratoire pharmaceutique, c’était très intéressant. J’ai pu comparer la rigueur et l’organisation que je connais dans mon entreprise en France avec une autre façon de faire, dans un autre pays. Ils disposent de très beaux équipements, financés notamment via des budgets européens. C’était intéressant de voir comment ces équipements sont utilisés, et de les comparer avec ceux dont nous disposons en France.


Quels conseils donneriez-vous aux futurs étudiants qui souhaitent partir en Erasmus en Croatie ?

Raphaël : Il faut évidemment garder en tête que les études et le travail sont au cœur du projet, mais il ne faut pas voir cette période uniquement sous cet angle. Partir plusieurs mois à l’étranger, loin de ses habitudes, c’est une opportunité unique. C’est l’occasion de repenser sa manière d’être, sa manière de vivre et d’élargir sa vision du monde. On découvre une culture différente, un paysage totalement nouveau, et on s’immerge vraiment dans le pays, ce qui n’a rien à voir avec de simples vacances.

Lucas : Il ne faut pas hésiter à se déplacer dans le pays, aller sur la côte, visiter les îles, les lacs, les sites historiques. C’est une occasion de découverte exceptionnelle, sur les plans personnel et culturel. Si l’on a la chance de pouvoir partir, il faut saisir cette opportunité.